Une tribune écrite par Xavier Darcos, chancelier de l’Institut de France et président de la Fondation L’IA pour l’Ecole, et Guillaume Leboucher, entrepreneur et fondateur de la Fondation L’IA pour l’Ecole, est parue dans Les Echos. Ils y exposent leur volonté d’intégrer l’Intelligence Artificielle dans le monde de l’éducation.
Nous vivons dans une société qui change à grande vitesse, et nous souhaitons de plus en plus une école qui nous rassure. Or, l’école de la IIIe République à laquelle on se réfère souvent était tout sauf une école tournée vers le passé ! Bien au contraire ! Elle avait foi dans la capacité des « hussards noirs » non seulement de « faire France » autour d’un récit national, mais aussi de donner aux élèves des outils pour leur temps et des clefs pour l’avenir. Difficile de prétendre que les romans de Jules Verne qui accompagnèrent cette épopée respirent le scepticisme et le mépris du progrès scientifique et technique !
Aujourd’hui aussi, nous entendons beaucoup parler de refonder notre République. Nous ne pourrons le faire qu’en la cimentant autour des nouveaux savoirs et de leur compréhension. Parmi ceux-ci, la plus importante porte un nom ambigu : l’« intelligence artificielle » (IA). Le substantif est beau mais l’adjectif peut faire peur.
L’IA, au service de l’élève et du professeur
En attendant de rebaptiser la notion, la chose demeure, et nous devons nous en saisir. L’intelligence artificielle nous fascine et nous angoisse, car nous savons qu’elle va avoir des effets sur nos façons de vivre ensemble, de travailler, de consommer, et naturellement d’apprendre.
C’est justement pour cela que nous devons refaire exactement ce qu’ont fait les « hussards noirs » : nous emparer de la science de notre temps pour la rendre intelligible à nos élèves. La réponse à tous les grands défis posés par les grandes mutations précédentes (révolution agricole, puis industrielle, invention de l’électricité, etc.) a toujours été, dans son principe, simple : l’éducation.
Or les mutations induites par l’IA sont si rapides que nos systèmes éducatifs et nos programmes scolaires n’ont pas encore bien pris la mesure des bouleversements qu’elles vont engendrer.
C’est pourquoi, au moment où la loi pour l’Ecole de la confiance est en cours de discussion au Parlement, nous lançons un appel pour faire entrer l’IA à l’école avec une ambition unique, qu’elle soit placée au service de l’élève et du professeur.
Elle apportera beaucoup aux professeurs en automatisant les enseignements de base et donc en les déchargeant des aspects les plus rébarbatifs de leur travail. Elle sera bénéfique aussi aux élèves, en permettant de mieux adapter à leurs besoins les contenus et les processus de leur apprentissage.
Faudra-t-il mettre en place des cours d’IA ? Au sein de « L’IA pour l’école », nous estimons que l’intelligence artificielle et le codage en langage de programmations doivent être des matières qui s’apprennent et s’enseignent comme le français, les mathématiques ou les langues.
Préparer les citoyens de demain
Ne nous y trompons pas : l’objectif de cet enseignement n’est pas de prévoir que nos enfants deviennent tous programmateurs ou codeurs, pas plus que l’apprentissage de l’électricité ne visait autrefois à faire de tous les petits Français des électriciens ou des ingénieurs. Il s’agit surtout de préparer les citoyens de demain au monde qui sera le leur et qui, nous le savons, intégrera l’IA dans la vie de tous les jours.
Pour y parvenir, l’école doit savoir jouer collectif, comme elle sait déjà le faire dans de nombreux domaines. Aussi nous semble-t-il urgent de mettre en place des innovations pédagogiques en associant l’ensemble des acteurs de l’IA, l’Education nationale, l’expertise des ingénieurs, les collectivités locales, les entreprises… Il importe de favoriser l’émergence d’écosystèmes éducatifs locaux en portant une attention accrue aux territoires prioritaires.
Utiliser l’IA sera aussi, tout simplement, un moyen de mieux l’enseigner et de mieux la comprendre. Et c’est en nous mettant à la hauteur des enjeux de demain que nous serons les vrais héritiers des pères fondateurs d’avant-hier.
Xavier Darcos est chancelier de l’Institut de France et président de la Fondation l’IA pour l’Ecole. Guillaume Leboucher est entrepreneur et fondateur de la Fondation l’IA pour l’Ecole.
Nous remercions les journal Les Echos pour nous permettre d’exposer notre opinion sur le sujet.
Pour lire la tribune sur le site des Echos: Lire ici