Le jeudi 24 septembre 2020 avait lieu la conférence ‘Et si on changeait l’école ?’, coorganisée par Franceinfo et We Demain à la Maison de la radio. Retour sur un événement marquant de cette rentrée éducative.
Règles sanitaires strictes, classes fermées, enseignement à distance dans certaines facultés ; particulièrement affectée par la crise sanitaire, la rentrée 2020 n’est définitivement pas comme les autres. C’est dans ce contexte que se tint la conférence ‘Et si on changeait l’école ?’.
Dès l’introduction, le ton est donné. Depuis des années, la France est annoncée comme un cancre des évaluations PISA (Programme International pour le Suivi des Acquis) en termes de performance. Elle est aussi profondément inégalitaire. Couronnant le tout, Armelle Oger, journaliste à We Demain, avance que 31% des élèves se sentent « étrangers » à l’école. Comment y remédier ?
Numérique éducatif, personnalisation de l’école, nouvelles méthodes pédagogiques : c’est un avenir riche et protéiforme qui fut dépeint au cours de cette soirée. Devant des centaines de personnes – en présentiel ou en vidéo, une dizaine d’enseignants et experts défilèrent pour apporter leur vision de l’école de demain.
De la complémentarité du numérique éducatif
La Fondation IA pour l’Ecole, présente dans le public, porta un intérêt tout particulier au thème du premier débat. Centré sur le numérique éducatif, il opposa Sophie Guichard, professeure agrégée de mathématiques et créatrice de ‘math en vidéo’, et Michel Desmurget, Directeur de recherche en neurosciences à l’Institut CNRS des Sciences Cognitives de Lyon et auteur de La Fabrique du crétin digital.
Ce dernier fit valoir que le numérique éducatif était mal utilisé et bien trop couteux. En outre, il s’opposa au fait que le numérique était complémentaire à l’enseignant. Plus d’enseignement machine serait, selon lui, nécessairement égal à une disparition de l’enseignant.
Sophie Guichard apporta un avis divergent, et plus nuancé. En tant qu’enseignante de BTS, elle mit en avant que ses élèves avaient un niveau extrêmement hétérogène. C’est de cette volonté d’y remédier qu’elle a développé un outil supplémentaire, et surtout complémentaire. Le numérique ne remplace pas entièrement l’enseignant ; il vient s’y ajouter, l’assister pour une réelle plus-value pédagogique. Ainsi, Sophie Guichard expliqua que ses cours fonctionnaient en deux temps. D’abord vient l’heure, classique, de la transmission du professeur à l’élève. Ce n’est qu’ensuite que les élèves sont en situation d’autonomie, avec des vidéos pour les aider selon leur niveau et leurs besoins. Le professeur transite donc à un rôle de supervision, passant d’élève à élève pour lui apporter son aide.
Rejoignant donc partiellement Michel Desmurget sur ses critiques quant à « l’inutilité » du numérique trop (mal) utilisé, Sophie Guichard mit l’accent sur le sens qu’il faut donner au numérique. Il faut susciter de la créativité, responsabiliser l’élève. Au-delà, elle insista sur le fait qu’il faut d’abord et surtout se baser sur les besoins des professeurs, et non pas imposer un usage.
Science et jeu comme piliers pédagogiques
Autres thèmes d’intérêt pour la Fondation, la science et le jeu furent présentés à l’auditoire comme de véritables atouts pour l’éducation.
Christelle Quesne, professeure d’anglais et coauteure de L’Escape Game, une pratique pédagogique innovante, et Aurélia Médan, professeure des écoles et médiatrice numérique Atelier Canopé de Tarbes, abordèrent les vertus de l’Escape Game. Numérique ou non, il permet d’aborder des thèmes de manière transversale, et surtout collaborative. Ainsi, il a la capacité d’inciter des élèves traditionnellement en retrait à l’école à se mettre en avant. La Fondation ne peut que soutenir de telles initiatives pédagogiques.
Ange Ansour présenta quant à elle son programme ‘Les Savanturiers’. Celui-ci vise à apprendre par la science, grâce à des projets collaboratifs. Une vidéo montrant un projet combinant apprentissage de la Première guerre mondiale et intelligence artificielle auprès d’élèves d’école primaire nous enchanta particulièrement. Ainsi, il est tout à fait possible de conduire des projets IA en les rattachant au programme éducatif. L’essentiel est surtout de favoriser la réflexion de l’élève, et de l’impliquer au maximum.
Une école pour demain
De nombreux autres thèmes furent abordés au cours de la conférence. Quoique moins rattachés à la mission dont se réclame la Fondation, nous ne pouvons que nous réjouir de la richesse des initiatives : pédagogie Montessori, classes inversées et mutuelles, pédagogie par la nature, médiation par les pairs contre la violence, apports des neurosciences… C’est de toutes ces réflexions collectives qu’émergera l’école de demain. L’IA pour l’Ecole sera au rendez-vous.