Les Assises 2023

L’opposition entre ces deux conceptions débouche sur un processus de diffusion des progrès technologiques qui est parfaitement résumé par une maxime bien connue dans le monde des start-up : d’abord ils vous ignorent, ensuite ils se moquent de vous, après ils vous combattent, et enfin vous gagnez. Une variante existe, très connue elle aussi, dite des trois stades d’adoption d’une innovation. Le premier stade est celui du ridicule, puis arrive le stade du dangereux et enfin, stade ultime, l’innovation s’impose comme une évidence. Il n’y a pas si longtemps dans l’enseignement, Marcel Bich tentait d’imposer son stylo à bille en lieu et place de la plume sergent-major. Le torchon brûlait alors entre les tenants et les opposants d’un outil que certains trouvaient dangereux pour l’orthographe et d’autres ridicule du point de vue pédagogique… puis il s’est finalement imposé pour être aujourd’hui d’une affligeante banalité, et il en va de même pour la plupart des technologies, qui parfois s’imposent en mode éclair, par la force des choses : qui, en 2019 aurait parié sur le développement massif de la visio-conférence en moins de deux ans ? La banalisation d’une technologie ou d’une innovation débouche sur la création d’écosystèmes et de styles de vie. Il existe aujourd’hui des styles de vie urbain, automobile, sportif. D’ailleurs le télétravail est en train de devenir, à son tour, un style de vie. Les organisations sociales, urbaines, économiques pivotent et s’adaptent, des pratiques nouvelles se font jour sous nos yeux. Cela nous semble banal… et puis, dans quelques années, des chercheurs se pencheront sur ce phénomène. C’est alors, et alors seulement, que l’ampleur des changements sera perceptible.